La punition
Une fois n’était pas coutume, le lundi matin, quand Yukinari arriva au lycée, il trouva Tiziano déjà dans la cour, adossé contre un mur, son sac à ses pieds, les écouteurs dans les oreilles, une mains dan la poche de son jean, l’autre cachée derrière le dos. Il battait la mesure avec son pied et semblait de très mauvaise humeur.
- Waoooo tu es déjà arrivé au lycée ? s’écria Yukinari en lui ôtant un écouteur. Sara t’a poussé hors du lit !
- Tu te crois drôle ? rétorqua-t-il en replaçant l’écouteur.
Tiziano n’était pas du matin, parfois il n’était pas du soir, bref c’est un gros dormeur et le fait qu’il soit arrivé au lycée avant tout le monde était tellement incroyable que Yukinari avait cette envie malsaine de le taquiner à ce sujet.
- Non, sans rire, qu’est ce qui t’arrive tu t’es mis dans la tête d’être meilleur qu’Ima et en plus d’être encore plus assidu qu’elle ? dit-il en ôtant à nouveau un écouteur qu’il se planta cette fois dans sa propre oreille. (ce qui ne veut pas forcément dire que Yuki avait les oreilles propres…)
- Tu me lâches là…
- Ho mais tu t’es battu au bal ? demanda Yukinari en découvrant la main bandée de Tiziano.
- Parlons en du bal. Tu m’as pris la tête avec ce bal débile et ringard pour que je vienne et toi tu n’y es même pas venu, t’es qu’un dégonflé…
- Je voulais venir je t’assure, mais j’ai suivi ton conseil et… enfin non… oublie.
- Je veux des explications Yuki. Alors accouche… Si tu as suivi un de mes conseil, t’as pas pu foirer…
- Avant le bal samedi soir je suis allé chez Andrew…
- Cool, bravo mec tu t’es enfin décidé. J’aurais jamais cru ça de toi.
- Oui mais quand je suis arrivé dans son allée, je l’ai vu sortir avec sa bande de potes et des filles aussi…. Je savais plus où me mettre alors je me suis planqué dans un buisson… Ils sont montés en voiture et ... je suis rentré chez moi.
- Oui, je me disais aussi… évidemment avec toi ça a foiré. T’es vraiment trop nul.
- Merci pour tes encouragements. Et alors toi pour ta main ?
- C’est bon laisse tomber.
A ce moment là Imanita passa à leur hauteur, sans même leur jeter un regard tandis que Tiziano détourna les yeux.
- Il s’est passé un truc avec Ima samedi soir? Se renseigna Yukinari qui n’était pas dupe du jeu de ses deux amis.
- Ima ? Que veux-tu qui se passe avec Ima ? Elle est presque aussi coincée que toi cette meuf.
La sonnerie qui avertissait le début des cours mit fin à leur conversation. Avec nonchalance, Tiziano ramassa son sac à dos et les deux garçons gagnèrent la salle de cours. Yukinari gagna sa place non sans avoir salué Ciane, Tiziano traînait des pieds pour entrer comme à son habitude le dernier. Imanita était déjà installée au premier rang à sa place habituelle, elle avait déjà installé devant elle sa trousse, un cahier, le livre d’anglais et quelques stylos. Quand Tiziano passa devant elle, il relâcha volontairement un peu son sac à dos si bien que celui-ci traîna sur le pupitre d’Ima et entraîna avec lui toutes ses affaires qui tombèrent par terre. Coléreuse, Imanita tenta de lui faire un croche pied mais elle se retint à temps au moment où le professeur entra dans la classe. Yukinari qui n’ait rien raté de leur petit manège, comprit qu’il s’était bien passé un truc le samedi soir et que plus que jamais une guerre ouverte était déclarée entre ses deux amis.
-Asseyez vous calmement et faites le silence, ordonna le professeur. A partir d’aujourd’hui, nous allons accueillir un nouvel élève. Mademoiselle Salama rassemblé vos affaires et allez vous asseoir au fond à côté de Mr Catalano.
- Quoi ? s’insurgea Imanita.
- Oui votre nouveau camarade s’installera devant à votre place.
- Je ne vais pas suivre les cours à côté de ce gros fainéant… se décria la jeune fille.
- Une bonne élève comme vous travaillera aussi bien au fond de la classe que juste devant le professeur. Et il s’agit d’un cas de force majeur. Ne discutez pas et allez vous installez au fond de la classe. Notre nouvel élève, s’appelle Daniel, il est handicapé moteur et se déplace en fauteuil roulant, voilà pourquoi il prendra la place de mademoiselle Salama.
Le garçon entra dans la classe, le regard fuyant sous les yeux curieux de tous les élèves. Face à ce cas de force majeur, Imanita abdiqua, rassembla ses affaires et en traînant les pieds, elle rejoignit le fond de la salle. Evidemment, habitué à prendre ses aises sur sa table, Tiziano à moitié affalé, envahissait les deux places.
- Ce serait trop te demander de ranger ton bordel ? demanda sévèrement Imanita.
- Eh m’sieur, s’écria Tiziano. Quitte à avoir une handicapée à côté de moi j’aurais préféré le mec en fauteuil roulant !
Toute la classe se mit à rire sauf Imanita, Daniel, alors que Ciane et Yukinari tentait de rire discrètement. Le prof s’approcha de Tiziano.
- Silence ! cria-t-il. Et vous monsieur Catalano si vous vous trouver spirituel vous viendrez disserter sur la spiritualité ce soir après les cours puisque votre intervention vous octroie à deux heures de colle.
- Non m’sieur pas ce soir, j’ai un truc important à faire, protesta le jeune homme.
- Une protestation de plus et je double la mise, menaça le prof.
- C’est bon, calmez-vous j’essaierai de m’arranger pour ce soir...
- Vous voulez toujours que je m’assois à côté de ce mufle ? demanda Imanita. Regardez, il ne me laisse même pas de place.
- Bougez-vous un peu Catalano.
- Enfin, vous constatez comme moi la mauvaise volonté de cet élève tant dans son comportement que dans son travail, lança Imanita assez fièrement.
- Vous êtes peut-être la première de la classe mademoiselle Salama mais cela ne vous autorise pas à juger vos petits camarades.
- Ce type n’est pas mon camarade, dit-elle en s’asseyant tout en remettant ses cheveux en place d’un geste à l’élégance fémine.
- Vous reconnaissez ceci mademoiselle ? l’interrogea le prof en brandissant la page toute froissée, arrachée d’un agenda.
- Non. Cela ne me dit rien, lâcha -t-elle d’un air détaché.
- Je l’ai trouvée l’autre jour sous votre bureau après vous avoir ramassé vos dissertations. On reconnaît facilement l’écriture pattes de mouche de Mr Catalano.
- Eh, critiquez pas mon écriture, m’sieur !
- Il avait noté la dissertation à faire pour ce jour là. Et vous mademoiselle Salama vous avez arraché la page pour qu’il oublie de composer sa dissertation et se prenne un zéro.
- Ça c’est pas cool comme attitude, pas vrai m’sieur ? lança Tiziano tandis qu’Imanita se faisait toute petite à ses côtés.
- J’ai donc décidé de punir toute la classe à cause de votre comportement mademoiselle Salama. Vous me referez tous une dissertation pour demain, celle-ci ne compte pas.
- Oh non m’sieur, c’est pas juste, s’écrièrent les élèves.
- Silence ! Vous vous rendez compte que toute la classe est punie à cause de vous mademoiselle Salama ?
- Donnez-moi un zéro mais notez leur dissertation, plaida-t-elle alors que la situation amusait Tiziano.
- Je n’étais pas sûr que vous étiez coupable, mais maintenant j’en suis certain, conclut le prof.
- Oh putain comment t’es tombée dans le piège, lança Tiziano ce qui lui valut un coup de coude dans les côtes de la part de sa voisine.
- Je ne reviens pas sur ma décision, vous me remettez tous une dissertation sur le sujet inscrit au tableau. En plus mademoiselle Imanita vous aurez la chance d’accompagner monsieur Catalano pendant ses deux heures de colle ce soir.
- Oh non, monsieur. Je mérite ces deux heures de colle, mais s’il vous plait pas en même temps que ce mufle.
- Un mot de plus et je double la mise.
Imanita allait répondre mais elle arriva à se contenir. Elle avait presque les larmes aux yeux car c’était la première fois de sa vie qu’elle était collée.
- Bienvenue au fond de la classe Ima, lui chuchota Tiziano. Ta première colle, faudra qu’on fête ça. En attendant, je marque un point là, non ?
A suivre